December 13, 2024

Le retour au Karabakh : trois décennies plus tard, les Azerbaïdjanais reviennent au village de Ballydja (Khodjaly)

Le 13 décembre 2024 marquera une journée particulière dans l’histoire de l’Azerbaïdjan. Ce jour entrera dans l’histoire comme le moment où le premier groupe d’anciens déplacés forcés reviendra dans leur village natal de Ballydja, situé dans le district de Khodjaly du pays. Cet événement est lié au retour des habitants sur leurs terres et s’accompagne de souvenirs des événements du passé.

Un voyage de retour de trois décennies

Les habitants du village de Ballydja (Khojaly) ont été contraints de quitter leur foyer il y a plus de 30 ans. La raison en était les événements qui se sont déroulés dans ces terres au plus fort de la première guerre du Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui s’est accompagnée d’une politique d’agression et d’occupation de l’Arménie envers l’État voisin.

La nuit du 25 au 26 février a changé à jamais le sort du Karabakh : les forces armées arméniennes, avec le soutien du 366e régiment de fusiliers motorisés, ont attaqué la ville de Khojaly. Cette attaque a coûté la vie à 613 personnes, dont 106 femmes, 63 enfants et 70 personnes âgées. Plus de 487 personnes ont été grièvement blessées et 1 275 habitants ont été capturés, dont 150 restent inconnus à ce jour. Parmi les victimes se trouvaient des familles entières, détruites jusqu’à la dernière personne.

Ce génocide a reçu une reconnaissance internationale. Dans sa décision du 22 avril 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a qualifié les événements de Khodjaly d’actes équivalant à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. À ce jour, les parlements de 18 pays et les assemblées de 24 États américains ont adopté des résolutions condamnant les événements de Khodjaly et les reconnaissant comme un génocide.

Par la suite, malgré les efforts de l’Azerbaïdjan pour résoudre le conflit, le pays a été confronté à de multiples provocations. L’une d’elles fut la décision prise par la partie arménienne en 2013 de restaurer l’aéroport de Khodjaly et d’y ouvrir des vols, ce qui constituait une violation du droit international, car ces territoires étaient sous occupation, et le régime séparatiste qui s’y trouvait dans le Haut-Karabakh occupé n’était reconnu par aucun pays au monde. En réponse à ces actions, des sénateurs français ont réagi en soulignant que Khodjaly faisait partie intégrante de l’Azerbaïdjan et que de telles initiatives allaient à l’encontre des normes internationales, compliquant le travail du Groupe de Minsk de l’OSCE. La lettre a été signée par les sénateurs Nathalie Goulet, Jean-Marie Bockel, André Reichardt et Jean-Louis Lagourgue.

Finalement, de 1992 à 2020, le village de Ballydja est resté sous occupation arménienne. Lors de la Seconde Guerre du Karabakh, en octobre 2020, l’armée azerbaïdjanaise a libéré le village, détruisant des installations stratégiques importantes sans causer de dommages à la population civile. Les années suivantes ont été consacrées à la reconstruction, à la préparation au retour et au déminage des territoires.

La renaissance de Khodjaly


Il est difficile de décrire l’ampleur des défis auxquels l’Azerbaïdjan a été confronté après avoir rétabli son contrôle sur le village de Ballydja et d’autres territoires libérés de l’occupation. Les équipes de déminage ont découvert des milliers d’engins explosifs, y compris des obus d’artillerie, des charges de mortier, des fragments de roquettes et des grenades. Chaque munition retrouvée rappelait les longues années où ces terres étaient un champ de bataille plutôt qu’un lieu de vie paisible.

De plus, sur les territoires libérés, des plantations de drogues et des caches d’armes abandonnées par les occupants ont été découvertes. Par exemple, dans la bibliothèque du village de Ballydja, on a retrouvé des mitrailleuses, des lance-grenades et des munitions de différents calibres. Ces découvertes soulignent à quel point la guerre avait profondément marqué chaque parcelle de cette terre.

Le retour des habitants dans le village est un événement significatif qui symbolise le rétablissement du lien avec la patrie historique et l’aspiration du peuple azerbaïdjanais à poursuivre son développement sur ses terres traditionnelles.

Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Aujourd’hui, 27 familles (152 personnes) retournent dans le village du district de Khodjaly. Un plan prévoit la rénovation de 192 maisons privées dans le village. Lors de la première phase de reconstruction, 82 maisons individuelles seront restaurées, et 110 autres le seront lors de la deuxième phase.

Ballydja, tout comme l’ensemble du district de Khodjaly, restera à jamais un lieu qui rappellera les pages tragiques de l’histoire de l’Azerbaïdjan. Mais aujourd’hui, grâce aux efforts des dirigeants azerbaïdjanais, ces terres reprennent vie, offrant de nouvelles opportunités non seulement aux habitants, mais aussi à toute la région.

Le retour des premières familles n’est qu’un début. Cet événement marque une nouvelle page dans la vie de Ballydja, un chemin empreint de symbolisme vers la restauration de la justice.

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